Pando

Si j'étais un animal, je serais Garfield pour son amour pour les lasagnes et sa haine profonde pour les lundis. Mais les dimanches étaient ma passion et j'aimais les passer tranquille. Oui oui, tranquille ! Mot assez rare dans mon vocabulaire mais qui prenait tout son sens le dimanche. Bien sûr, il m'arrivait de sortir et de faire des choses mais je préférais de très loin les passer à l'appartement, soit devant un jeu vidéo soit avec ma guitare ou même simplement à cuisiner.

En réalité je crois que c'est à cause de mes parents que j'aime autant les dimanches à la maison. Quand j'étais enfant, ils faisaient toujours en sorte de ne pas travailler ce jour là et nous le passions presque toujours tous les trois à cuisiner puis à faire des jeux de société ou à regarder un film. J'adorais ça, attendant avec impatience la fin de la semaine pour pouvoir partager ces moments magiques avec eux. Après le décès de mon père, l'ambiance des dimanches avait été différente mais nous avions tenu bon avec maman, nous avions fait en sorte de maintenir la tradition dans l'espoir de le faire vivre encore un peu... Une façon comme une autre de lui rendre hommage.  

Et je maintenais cette tradition en vie pour eux aujourd'hui, seul face à l'adversité et aux souvenirs. Ça n'avait pas été facile au début mais mes colocataires m'avaient redonné le goût de ces journées détente même s'ils n'étaient pas toujours là pour en profiter. Doucement mais sûrement, je reprenais les bonnes habitudes, ne passant plus la journée dehors à courir pour oublier mais dedans à me rappeler. J'avais aussi retrouvé les fourneaux pour leur plus grand plaisir et le mien. Ce n'était pourtant pas grand-chose mais ça m'avait fait beaucoup de bien, surtout que je n'avais plus réellement cuisiné depuis le décès de ma mère. Bien que j'ai l'air d'un joyeux luron, j'avais été très loin de l'être au départ et je peinais encore à l'être sincèrement malgré tout. Peut-être un jour ? J'y travaillais en tous cas, à coup de gâteaux et de cupcakes, le meilleur des remèdes.

Quoi qu'il en soit, redonner vie à cette tradition ne m'empêchait pas de respecter aussi celle de la grâce matinée dominicale. Je n'étais pourtant pas un vrai lève tard dans la semaine mais, le dimanche, c'était une autre histoire et je m'octroyais bien volontiers quelques heures se sommeil supplémentaires. C'est que de traîner en survêt toute la journée ça se prépare ! Je faisais d'ailleurs pas mal de courses le Samedi ou le Vendredi après le travail histoire d'avoir de quoi cuisiner. J'achetais un peu de tout, ne décidant que sur l'instant de ce qui allait finir dans nos estomacs. Souvent nous options pour le sucré mais il nous arrivait de nous retrancher vers des plaisirs salés si nous nous levions un peu plus tardivement ou si l'envie nous prenait.

Bref, j'étais prêt pour ma journée farniente, les yeux déjà ouverts mais étalé sur mon lit en attendant que le courage de me lever ne me vienne. Et ce ne fut qu'aux petits cliquetis des pattes de Luna que je me décidais enfin. Pas trop vite quand même, restant en pyjamas et traînant les pieds jusqu'à ma porte où je fus accueilli en fanfare par la petite chienne au pelage encore tout frais de sa balade. Visiblement elle était mieux réveillée que moi ce qui n'était pas rare, je m'étais toujours du temps à sortir de la torpeur de mes nuits. Heureusement que j'avais l'habitude de l'esquiver d'ailleurs sans ça j'aurais sûrement finit par faire mal à l'un de nous avec mes deux pieds gauche...

« Hey Lu ! Calmos, je t'ai vu t'inquiètes ! » Lui lançais-je en riant doucement, finissant par m'accroupir pour la saluer comme il se doit. Sans ça il m'aurait fallut trois siècles pour gagner la cuisine où était installée sa maîtresse. « Salut Ezzy ! Oui ça va. Dis donc il a l'air de peler dehors, elle est glacée ! » Dis-je, relevant les yeux vers Ezra, souriant mais clairement surpris de sentir Luna si froide. C'était logique remarque, l'hiver arrivait à grand pas. « Du coup vous méritez un petit déjeuner réconfortant ! » Lançais-je, gratouillant la tête de la chienne avant de me lever d'un pas décider. Luna me suivit jusqu'à la cuisine, toujours avec autant d'enthousiasme. « Qu'est ce qui te ferai plaisir ? »

Demandais-je ensuite, ouvrant le placard où nous rangions la farine et autres produits nécessaires à mon activité principale du jour. Je savais un peu tout faire alors elle pouvait choisir sans problème. Puis, au pire, Google était mon ami et j'aimais apprendre de nouvelles recettes. Puis je crois qu'Ezra aimait bien être ma testeuse puisqu'elle accompagnait souvent mes expériences. C'était une chic fille Ezzy, un petit rayon de soleil qui me faisait du bien. J'avais vraiment de la chance d'avoir trouvé cette coloc, ils m'avaient pratiquement sauvé la vie je crois... Et je crois aussi qu'il n'y a pas vraiment de hasard, nos chemins étaient faits pour se croiser, d'une manière ou d'une autre. Très philosophe hein ? Attendez un peu que j'ai pris mon café !

Pando

Encore un peu dans les brumes du sommeil, je n'en restais pas moins heureux de croiser la route de Luna et de sa maîtresse. Aussi solitaire que j'ai pu être dans mon adolescence, j'étais aujourd'hui bien plus sociable et plus que comblé d'être tombé avec des colocataires aussi cool qui supportaient ma folie. Il faut dire que j'avais vraiment de la chance pour le coup... Pas facile à supporter le grand benêt !

« On voit que tu n'as jamais passé un hiver à New York ! »

Riais-je de bon cœur à sa remarque. Même ici je n'avais jamais eu aussi froid que dans ma ville natale. L'hiver là bas ? C'était clairement l'horreur ! Le froid était plus... Prenant ? Il entrait sous votre peau avec avidité et vous dévorait de l'intérieur, l'enfer ! Le froid Canadien était plus sec, un peu plus clément donc... Même si je préférais quand même l'été. Quoi qu'il en soit, été ou hier j'aimais cuisiner et c'était mon activité du jour alors autant le faire pour faire plaisir à ma colocataire et lui remonter le moral après cette rude balade matinale !

« Ma foi pourquoi pas ! Il est encore tôt et nous avons tout ce qu'il faut, autant en profiter non ? » Lançais avec enthousiasme, le nez déjà dans les placards. J'avais une sacré dégaine avec mon pyjamas et mes chaussettes... Mais c'était Ezra, elle avait connu pire. « Et bien... » Commençais-je, sortant un à un les ingrédients tout en murmurant dans ma barbe inexistante. J'étais désespérément imberbe... Peut-être quand je serai grand qui sait ? « Et bien on peut faire les deux très chère ! » Lançais-je finalement, sortant enfin la tête des placards pour relever mon regard vers elle. Je me réveillais doucement, mes yeux redevenant un peu plus pétillants malgré la buée toujours visible. « Alors ÇA, ça serait vraiment superbe ! »

M'exclamais-je soudainement encore plus enthousiaste. La caféine m'aidait à me réveiller même si je n'en abusais le reste de la journée. Un excellent carburant pour bien démarrer du bon pied ! Pendant qu'elle lançait la machine, je rassemblais les ingrédients sur le plan de travail en chantonnant doucement. J'étais branché sur du trois mille volt en vrai... Juste un peu long au démarrage... Rapidement, tout fut prêt et, l'avantage, c'est que je n'avais pas besoin d'un livre de recette. Pas pour ça en tous cas, je pouvais cuisiner ce genre de choses les yeux bandés ! J'avais même déjà essayé d'ailleurs... Et avec succès ! Mais je n'étais peut-être pas encore tout à fait assez réveiller pour me lancer là dedans ce matin... Sait-on jamais.  

« Juste du café ? Ezzy allons ! Ça n'existe pas juste du café ! Tu parles là d'une sacro-sainte boisson visant à donner vie à l'être humain ! » La taquinais-je, revenant enfin vers elle pour récupérer ma superbe tasse emplie de ce breuvage salvateur. « Mais bon, vous n'êtes pas humaines toutes les deux, vous ne pouvez pas comprendre ! » Me moquais-je, de plus en plus réveillé rien qu'à l'odeur. J'attrapais ma tasse puis me délectais d'une première gorgée. Pas de sucre, l'amertume me donna une décharge bienvenue. « Bien, je te laisse t'occuper de casser les œufs ? Tu es plus réveillée que moi, ça évitera de potentiels morceaux de coquilles ! »

J'étais capable de casser des oeufs à une main... Moi qui était pourtant si maladroit dans la vraie vie ! Mais en cuisine c'était différent, j'étais dans mon monde, à l'aise. Seulement je n'avais pas encore trop les yeux en face des trous alors mieux valait prévenir que guérir. Même si un peu de croquant pouvait avoir un certain charme, je n'étais pas fan de la coquille d'oeuf et il y avait fort à parier que mes colocataires non plus.

« Tu as prévu quelque chose aujourd'hui ? »

Demandais-je ensuite, innocemment, en commençant à m'affairer sur les autres tâches. Ou ce n'était peut-être pas si innocent ? Je savais que Swan passait souvent le dimanche pour leur projet... Elle était venue à plusieurs reprises déjà et il était indéniable qu'elle ne me laissait pas indifférent : Ses magnifiques cheveux noir, sont regard si hypnotisant, son sourire angélique... Mais je n'avais pas eu l'occasion de réellement lui parler ce qui était sûrement préférable d'ailleurs puisque je n'étais vraiment pas doué avec les filles et Swan n'était clairement pas à ma portée. Mais je pouvais apprécier de la voir non ? PUNAISE ! Non mais ça va pas bien ? Qu'est ce que je raconte moi ?! Allez, il va me falloir une deuxième tasse je pense. Ou quatre ? Ou douze ? Pourvu qu'Ezra ne me grille pas ! Déjà que je n'étais pas prêt de m'avouer quoi que ce soit à moi-même... BOULET !

Pando

Même si je ne craignais pas particulièrement le froid, j'étais heureux de ne pas avoir à l'affronter aujourd'hui. Juste rester au chaud à l'appartement à glandouiller, profiter de mon repos bien mérité, c'était bien plus attirant que l'idée d'aller me peler dehors ! Quoi que j'aurais pu aller pécher un peu histoire de prendre l'air ? Mais pas cette fois, trop la flemme ! Et peut-être aussi que je préférais rester là au cas où ? Non, j'étais encore loin de pouvoir penser à ça, laissez donc à mon âme un peu de temps avant de rôtir en enfer...

« Et bien soyons fous alors ! »

Lançais-je avec enthousiasme, sortant donc tout le nécessaire pour faire des pancakes ET des cookies. On ne cuisine jamais trop, surtout quand il s'agit de pâtisseries ! Sans compter que c'était vraiment une activité idéale pour un dimanche froid de fin d'automne, il serait dommage de s'en priver. Pendant que je préparais ce dont nous avions besoin, ma gentille colocataire se sacrifiait en préparant un café dont l'odeur ravissait déjà mes narines. C'est fou comme une tasse de ce breuvage pouvait paraître salvatrice le matin. Ce n'était pourtant pas grand-chose mais ça faisait beaucoup.

« Drogué, drogué, tout de suite les grands mots ! » Soupirais-je à son retour de pique, faussement désespéré. Nous aimions nous taquiner et c'était très agréable. L'ambiance de notre coloc était vraiment super, j'avais de la chance. « Faible moi ? Ne m'oblige pas à faire ça Ezra, tu sais que je n'en ai pas envie... »

La menaçais-je, un doigt accusateur dirigé vers elle. Il m'arrivait parfois de la soulever sur mon épaule pour la ramener à sa chambre, faisant mine de l'y punir avec une autorité dont j'étais en fait parfaitement incapable. Tout ça pour montrer ma force incontestable bien évidement... Ouais, je pouvais être un peu macho parfois mais c'était toujours très bref et Ezra était toujours très prompte à me remettre les pieds sur terre. Bien sûr, elle savait que tout cela n'était que plaisanterie, prix à payer quand on habite avec un grand enfant comme moi.

D'ailleurs, sans le savoir, Ezzy venait de me remettre les pieds sur terre assez brutalement en prononçant le nom de son amie. J'avais d'ailleurs manqué d'avaler de travers, heureux de pouvoir prétexter que mon café était un peu trop chaud... La jeune femme mystérieuse était déjà venue plusieurs fois et mon regard ne pouvait que la suivre avec curiosité et une certaine admiration... À ce stade, je ne savais pas grand chose d'elle ou de leur projet. Un spectacle d'assez grande envergure visiblement, danse et chant ? C'était encore assez vague et j'avais fait en sorte de rester un peu éloigné de tout ça en vue de cette première image pathétique que Swan avait dû avoir de moi : j'avais fuis comme un lapin, heureux de devoir promener Luna alors qu'elle venait juste d'arriver à l'appartement. Bonjour le coloc chelou... Heureusement, je m'étais un peu rattrapé depuis mais ça restait peu brillant et encore trop rare pour pouvoir être vraiment concret...

« Si jamais je peux être d'une quelconque utilité n'hésites pas. » Proposais-je même si je n'étais pas vraiment très doué pour tout ça... Quoi que je dessinais plutôt pas mal mais, au delà de ça, je ne pourrais sûrement pas faire beaucoup. « Rien de plus que terminer le dernier jeu que je me suis acheté pour ma part. » Avouais-je avec un petit haussement d'épaule. En réalité j'assumais totalement cette part de moi et elle le savait. « Une bonne journée geek comme on les aime ! » Précisais-je ensuite avec une certaine fierté amusée. « Après la semaine de dingue que j'ai eu au boulot ça ne me fera pas de mal. »

Soupirais-je. J'aimais mon travail même si ce n'était pas ma vocation première. Je savais aussi que j'avais beaucoup de chance d'avoir un boulot et un patron aussi sympa que le mien, ce n'était pas donné à tout le monde... Mais la police me faisait toujours de l'œil et d'avoir rencontré notre super voisine n'aidait pas. Qui sait, peut-être que je finirai par céder à l'appel de mon vieux rêve ? Pas aujourd'hui en tous cas, aujourd'hui c'est pâtisserie et les préparation étaient déjà presque terminées. Trop facile.

Pando

« Alors je ne suis pas toujours insupportable ? » M'amusais-je, un sourcil levé dans un scepticisme exagéré. « C'est le plus beau compliment que tu m'aies jamais fait ! »

La taquinais-je, déposant un bisou bruyant sur sa joue avant de récupérer ma tasse salvatrice. Drogué restait un bien grand mot me concernant mais il fallait quand même avouer que j'étais d'humeur différente avant et après cette boisson surprenante. Boisson qui ne put néanmoins pas me sauver de cet étrange sentiment à l'évocation de la belle Swan... Nous ne nous connaissions pourtant pas vraiment mais elle avait tout de suite eu un effet incroyable sur moi et c'était toujours le cas. De pire en pire même... J'espérais juste que mon amie ne s'en rende pas compte car je n'étais pas prêt à être cuisiné sur le sujet ! Je n'étais même pas encore prêt à faire une introspective c'est dire ! Non, je préférais rester dans ce doute, dans cette sensation inexpliquée et aussi agréable que terrifiante... Bonjour le débile !

« Pas si mal ?! Faut vraiment que je chope les compliments quand ils arrivent hein ! »

Me plaignis-je faussement en levant les yeux au ciel. J'étais conscient de mes limites et de la grandeur de leur projet, je ne comptais donc pas le gâcher même si ça partait d'un bon sentiment. Et, en réalité, j'étais plutôt soulagé à l'idée de ne pas m'y impliquer davantage, trop conscient aussi qu'une plus grand proximité avec Swan serait difficile à supporter. Elle était bien trop belle, elle me rendait bien trop mal à l'aise et mon rythme cardiaque devenait trop erratique en sa présence... C'était un coup à mourir d'une attaque avant l'âge ou à me ridiculiser à vie, pas besoin de ça.

« Je plaisante, je sais que je ne suis pas à la hauteur pour un truc pareil. En tous cas ça a vraiment l'air super, je suis content pour vous. Et avec tout ce travail c'est normal que tu aies un salaire, il sera largement mérité ! » Affirmais-je ensuite, sincère et un peu plus sérieux. Voyait-elle la lueur d'admiration au fond de mes yeux ? Le sourire un peu rêveur au souvenir de son amie ? Pourvu que non ! « Les avantages d'avoir quinze ans d'âge mental. » Avouais-je ensuite avec un sourire malicieux et un haussement d'épaules amusé. J'étais un vrai gamin parfois... Un peu casse pieds sans doute, une chance qu'elle me supporte ! « Tu voudras geeker un peu avec moi ? » Proposais-je, toujours heureux de ne pas faire ça dans mon coin. « Oh si tu savais ! » M'exclamais-je ensuite, secouant la tête en soupirant. J'aimais mon travail même si ce n'était pas mon idéal mais certains cas restaient plus pénibles que d'autres. « Ça fait six mois que je lutte avec une famille pour une simple maison ! Le grand père est mort et ils sont sept à avoir des parts. Comme personne ne veut du bien, il suffit de le vendre et de partager le prix en sept MAIS NON ! Car le mieux c'est de louer ou parce que le prix n'est pas assez haut, ou parce que ce n'est pas ce qu'il aurait voulu et blablabla... Bref, ils n'arrêtent pas de se plaindre que l'argent ne tombe pas mais ils refusent de se mettre d'accord ! Une vraie prise de tête ! Surtout que deux d'entre eux refusent catégoriquement de s'adresser la parole... » Expliquais-je, toujours entrain de m'affairer sur mes préparations qui étaient presque terminées. « Oui on a aussi des trucs plus marrants heureusement ! Ou des demandes improbables. Le plus drôle récemment c'est un couple de futurs mariés qui voulaient tous les deux un contrat de mariage sans oser en parler à l'autre. Du coup j'ai dû faire pigeon voyageur une fois de plus. » Souriais-je, incapable de cacher que j'aimais effectivement ce travail malgré tout. Quoi que j'étais bonne patte et vite passionné. Puis je me sentais utile finalement, c'est tout ce qui comptait pour moi. « D'ailleurs je crois que c'est un peu la base de mon travail en fait. Je devrais peut-être mettre des plumes pour aller travailler non ? »

Plaisantais-je joyeusement en mettant les cookies au four puis en sortant la poêle pour les Pancakes. Rien que l'odeur de la préparation froide m'avait donné faim et la conversation m'avait bien réveillé. Qui a dit qu'on a besoin de café ? Bon... J'étais quand même bien content de pouvoir en boire une gorgée de plus, ça aide !  

Pando

Je n'étais pas ce genre de personne, étant même terriblement mal à l'aise avec les compliments. Peu confiant en règle générale, je préférais qu'on m'oublie ou qu'on me prenne pour le clown de service plutôt qu'autre chose. Mécanisme de défense un peu idiot sans doute mais acquis dans ma jeunesse et dont je n'avais pas pu me débarrasser malgré les années. Après tout, c'était mieux ça qu'être égocentrique non ?

« On en a jamais trop ! »

Plaisantais-je à la proposition de mon amie, heureux qu'elle me connaisse assez pour savoir que ce n'était pas vrai. Tout comme je la connaissais assez pour savoir la valeur de son talent même si, pour le moment, il ne lui rapportait rien. Mais j'étais confiant, elle était aussi travailleuse que talentueuse alors ça finirait par venir. Ce spectacle étant d'ailleurs une belle occasion pour elle de montrer son travail au grand jour et de s'attirer quelques regards bien mérités. J'espérais sincèrement pour elles deux que le spectacle soit à la hauteur de leurs espérances et j'étais tout aussi confiant en fait : Elles formaient une bonne équipe.

« Patience jeune Padawan, ça viendra ! » Souriais-je, sincère malgré le trait d'humour habituel. Nate et les sentiments n'est ce pas ? « En tous cas j'aime déjà beaucoup le peu que j'ai vu, ça promet ! »

Affirmais-je, impatient de pouvoir admirer le résultat final. Tout comme j'étais impatient de revoir Swan dans les parages... Détail que je me gardais bien d'avouer, aussi bien à Ezra qu'à moi-même pour des raisons évidente de santé mentale. Heureusement d'ailleurs que la conversation dériva vers un sujet plus sûr : les jeux vidéos. Là, au moins, c'était mon monde, irréel mais bien connu, rassurant. Un des rares trucs que je maîtrise pleinement. Contrairement à Ezra qui peinais encore à s'y sentir à l'aise malgré les nombreuses tentatives. Mais je suis patient, trop heureux de pouvoir partager ma passion avec mes proches.

« Je dois avoir ça en réserve ! »

Répondis-je avec enthousiasme, mon cerveau déjà entrain de réfléchir à quel jeux lui proposer. J'avais un large choix remarque, nous ne serions pas en reste ! Sans compter les diverses consoles dont je disposais... Bref, j'allais nous trouver quelque chose sans trop de mal mais, d'abord, MANGER ! Enfin, préparer le petit déjeuner qui n'allait pas se faire tout seul et qui avançait à grand pas. Il faut dire que nous n'avions pas opté pour des choses pas trop compliquées ce qui était appréciable car j'avais faim.

« Bienvenue au club ! »

Lançais-je en levant la main vers elle pour un high five. J'avais eu de la chance d'être enfant unique même si le décès de ma mère avait été un peu plus problématique à gérer du fait de son remariage. Mais elle avait tout prévu et mon patron avait géré ça d'une main de maître. Sans compter que mon beau-père avait été adorable, me faisant donation de tous les biens immobiliers et ne gardant finalement que ce qui lui avait appartenu avant leur mariage. Vraiment un type génial en fait, j'avais beaucoup de chance de l'avoir même si je peinais encore à l'admettre.

« J'achète ! Il paraît que le fluo me va bien au teint en plus ! »

Notais-je avec un sérieux mal mimé sous mon sourire amusé. Je n'avais pas peur du ridicule et j'aimais le cosplay mais pas assez pour me rendre au travail en plumes fluo quand même. Je n'étais pas fou à ce point ! Ezra savait néanmoins que j'étais capable de ma pavaner dans l'appartement dans une telle tenue, toujours prompt à faire le pitre ou à essayer ses créations les plus folles. J'étais un bon cobaye, toujours prêt à rendre service. J'avais même servi de modèle maquillage à Naya c'est dire ! Un vrai Golden Retriever, toujours heureux de pouvoir rendre service... Il allait falloir que je songe à me prendre un collier !

« Ce qui n'est qu'amplement mérité ! » Soulignais-je en la servant dans une petite courbette, me posant ensuite à ses côtés pendant que les cookies cuisaient tranquillement. « Et toi alors ? Des histoires amusantes à me raconter ? Les enfants que tu gardes n'ont pas fait de nouvelles bêtises dont je pourrais m'inspirer ? »

Demandais-je, la bouche à peine vidée d'une première bouchée. J'étais un grand enfant, ce n'était pas un secret. Je me demandais même comment Ezra pouvait me supporter ! Ezra ou les autres d'ailleurs, même si je me sentais plus proche d'elle que des autres. Elle était rapidement devenue comme une petite sœur à mes yeux, sûrement grâce à notre esprit artistique ? Nous avions beaucoup de choses en commun finalement et j'aimais sa compagnie. Plaisir visiblement réciproque qui donnait à cette colocation une allure de cocon dans lequel j'aimais me réfugier.